14 octobre 2019

Philippe Teisceira-Lessard
La Presse

Paul Pathy est à la tête de Fednav, entreprise de transport maritime fondée par la génération de son grand-père il y a 75 ans cette année. Le Federal Oshima, à bord duquel La Presse a traversé l’Atlantique cet automne, fait partie de sa flotte. Malgré sa taille, « dans le top 10 mondial », l’entreprise familiale demeure peu connue.

Comment Fednav est-elle née ?

L’entreprise a été établie en 1944 à Toronto. Personne ne sait pourquoi ç’a été établi à Toronto, alors que la Voie maritime n’était pas encore ouverte. La société a démarré avec des liberty ships, des navires militaires qui étaient vendus à bon prix après la Seconde Guerre mondiale. Nous avons déménagé à Montréal au début des années 50, et la Voie maritime a été ouverte en 1959, ce qui est le début d’une période de grande croissance pour l’entreprise.

À quoi ressemble votre industrie actuellement ?

Le monde du vrac a changé vers 2004, quand l’économie chinoise s’est réveillée et s’est soudainement mise à utiliser 20 % des navires de la planète. Si vous aviez des navires à ce moment-là, vous faisiez de bonnes affaires. Et nous en avions. Il y a eu une chute avec la crise de 2008, mais depuis 2016, ça va mieux.

L’accord de libre-échange Canada-Europe (AECG) est-il positif pour vous ? Et les élans protectionnistes de Donald Trump ?

Notre industrie est intéressante parce que si vous ouvrez la section internationale de votre journal, peu importe la nouvelle qui fait la manchette, ça aura un impact direct sur les prix du transport maritime. Les tarifs de Trump ont un impact négatif sur nos affaires, parce que nous sommes actifs dans le transport d’acier étranger vers les États-Unis. L’AECG a un impact, mais la santé de l’économie mondiale est le facteur le plus important.

Pourquoi les navires de Fednav naviguent-ils avec des équipages essentiellement étrangers ?

Nous sommes une entreprise de transport maritime international établie au Canada. Nous sommes en concurrence sur le marché mondial avec des navires norvégiens, japonais, grecs et de partout ailleurs. La réalité, c’est que pour compétitionner sur le marché mondial, il faut utiliser des équipages étrangers. C’est ce que la concurrence fait. Seulement 20 à 25 % de nos affaires sont liées au Canada.

Fednav est-elle une grande entreprise dans son secteur ?

Nous avons 128 navires qui naviguent en ce moment. C’est un record pour nous. Dans le monde du vrac, nous sommes probablement dans le top 10 mondial. Nous sommes plus gros que 95 % des entreprises de transport maritime dans le monde, mais nous sommes bien loin des plus gros sur la planète. Je dis souvent que nous sommes une entreprise d’environ 1 milliard de dollars. Je vous laisse tirer vos conclusions.

Pourquoi, alors, peu de Montréalais connaissent-ils le nom de votre entreprise ?

Personne ne pense aux ressources brutes qui traversent l’océan. Ce n’est pas une chose dont le public entend parler ou à laquelle il pense. Toute l’industrie passe sous le radar. De plus, nous sommes une entreprise familiale qui a toujours préféré garder profil bas.
 

Cette entrevue a été éditée pour en faciliter la lecture.

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